Août 2022

Une activité inhabituelle anime le vieux cerisier au milieu du jardin. Le nid, démarré au printemps, était d’abord à peine visible, lové au fond de la cavité du tronc pourrissant. Au milieu du mois d’août, les frelons avaient entièrement comblé le trou avec une pâte à bois de leur fabrication, sur une hauteur d’une quarantaine de centimètres. Installé à un 1,50 m de hauteur au milieu d’un lieu de passage, centre névralgique d’une activité intense et vrombissante, le nid inspire le respect. Pourtant, le frelon (européen dans ce cas, mais il n’est pas prouvé que le frelon asiatique soit différent sur ce point en France(1)) n’est pas agressif, pour peu que l’on respecte une distance de sécurité de quelques mètres. Après plusieurs mois de passages répétés à deux mètres du nid, aucun incident n’est à déplorer. Sa piqûre est par ailleurs moins dangereuse que celle d’une abeille. Une fois la période de froid amorcée, à l’automne, les frelons ne parviennent plus à maintenir la température de 30° nécessaire dans le nid. Les mâles et les ouvrières meurent, et les reines entrent en hibernation. Les années suivantes, le nid vide ne sera pas réutilisé. Victime, lui aussi, de l’agriculture industrielle et de ses poisons chimiques, le frelon fait partie de l’équilibre des écosystèmes. Il doit être protégé dès lors que sa présence ne constitue pas un danger réel et avéré. Laissez-le s’installer, observez-le et profitez du répit pour commencer à penser à vos plantations d’automne !

En effet, l’arrivée du mois de septembre ouvre une nouvelle période de plantations au jardin, étalée jusqu’à l’arrivé des premiers gels. Ce moment est d’autant plus important qu’avec le changement climatique, les printemps et les étés sont de plus en plus chauds et secs. Planter en automne permet de s’assurer d’un meilleur enracinement des plantes avant l’arrivée de la chaleur, et donc une meilleure chance de survie pour beaucoup d’entre-elles. Nous avons perdu cette année plusieurs plantes méditerranéennes mises en terre au printemps. Certes habituées au sec, elle n’avaient pas eu le temps de développer assez de racines pour puiser fraîcheur et eau en profondeur avant la sécheresse très intense de cet été. Beaucoup de plantes sont en effet adaptées au manque d’eau car elles sont capable d’envoyer leurs racines très loin pour en chercher.

Echinops ritro
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Même si les nuits en août et à l’approche de septembre sont de plus en plus fraîches et longues, attendez néanmoins le retour de la pluie et de températures plus clémentes le jour avant de planter. Le mois de septembre ressemble de plus en plus à une prolongation de l’été et il peut être chaud et sec…

Mettez à profit cette période de pause forcée au jardin du fait de la sécheresse pour observer la vie du jardin, notez et transmettez vos observations aux associations de protection de la nature (ici pour les oiseaux et là pour les hérissons par exemple). Et puisque le bon jardinier est aussi celui (ou celle!) qui est capable d’organiser l’espace selon des principes pratiques et esthétiques, prenez le temps de vous installer dans un bon fauteuil, d’observer et de repenser votre usage des espaces. Un bon livre ou une bonne compagnie est l’allié idéal pour cela… Jardiner, c’est aussi lézarder !

Gloriette dans le Jardin du naturaliste (Olivier Tranchard)
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Retour des bulbes

Vedettes des plantations d’automne, les bulbes de printemps reviennent progressivement aux catalogues des pépiniéristes. C’est donc le moment de faire vos choix et de les acheter ou de les commander. Pourquoi ne pas en profiter pour vous tourner vers des espèces indigènes et locales, trop peu plantées au détriment de bulbes exotiques souvent exigeants à maintenir ? La Fritillaire pintade (Fritillaria meleagris) est une très belle fleur pour prairie humide, protégée en France dans le milieu naturel, à planter entre octobre et novembre. La Tulipe des bois (Tulipa sylvestris) pousse quant à elle plutôt en milieu sec et calcaire (on la trouve parfois dans les vignes). Plus classique, le Crocus sativus se plante jusqu’à fin août dans une terre plutôt sèche et bien drainée, au soleil. Avec un peu de patience, vous pourrez même obtenir votre propre safran car ce sont les stigmates de sa fleur qui font cette épice. Le narcisse (notre jonquille, Narcissus pseudonarcissus) est aussi un classique pour sols frais à humides, à planter en octobre.

Le mois d’août est aussi la saison de récolte de très nombreuses graines. Équipez-vous de pochettes en papier, d’un sécateur, d’un couteau ou d’une serpette, et récoltez de quoi diversifier vos plantations gratuitement pour les années à venir ! Si vous récoltez dans le milieu naturel, rappelez-vous que d’une part cela est soumis en principe à autorisation, que la récolte de plantes protégées est interdite et que même les plantes les plus communes ne doivent jamais être entièrement récoltées pour permettre la pérennité des stations.

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De nombreuses graines de vipérine, centaurées, digitale, calaments, origans, millepertuis, lunaire, cirses, gaillets, gesces, datura, et bien d’autres peuvent être récoltées en ce moment. Attention si vous ne les semez pas immédiatement, certaines peuvent nécessiter une période de froid avant le retour de températures plus clémentes pour germer. Vous pouvez les conserver pendant l’hiver au réfrigérateur, dans du sable légèrement humidifié, et les semer au printemps. Cela vous évitera de les offrir aux petits rongeurs pendant tout l’hiver (merci à Olivier Tranchard du Jardin du naturaliste pour le conseil).

Graines de lunaire (Lunaria annua)
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La fin du mois d’août voit aussi arriver les remontées de certaines fleurs printanières, telles que la superbe Grande astrance, et la poursuite de certaines floraisons d’été, en particulier si vous prenez la peine de couper les fleurs fanées jusqu’en septembre (laissez ensuite monter la plante en graine pour bénéficier de semis spontanés et pour les oiseaux en hiver).

Les très belles fleurs de la Grande astrance (Astrantia major)
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Le Sédum remarquable (Hylotelephium spectabile), qui appartient aux floraisons d’automne, commence pour sa part à montrer des inflorescences qui ne prendront leur véritable mesure qu’en septembre…

(1) https://be.anses.fr/sites/default/files/BEP-mg-BE32-art3.pdf