Juin 2022

Ouvert par la 19e édition de Rendez-vous aux Jardins, sur le thème « Les jardins face au changement climatique », le mois de juin a, cette année encore, été marqué par un épisode de forte chaleur, une sécheresse précoce et de violents orages. Ces aléas climatiques mettent aussi les plantes et les écosystèmes à rude épreuve. Le manque d’eau, la chaleur et l’alternance brutale entre ces extrêmes climatiques dérèglent le mécanisme des saisons et font souffrir végétaux, hommes et animaux.

Cela n’a pas empêché les jardins de nous offrir l’exceptionnel spectacle du début de l’été, de la floraison conquérante et bourdonnante des digitales, de la sauge, de la Grande astrance, alors que déjà les iris préparent leurs graines et que le cerfeuil s’étiole.

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L’exubérance des consoudes (Symphytum officinale) est particulièrement remarquable en juin. L’une d’entre-elles, replantée un peu vite et surtout un peu tard, en plein soleil, suite à quelques réaménagements au jardin, s’est rétablie et a doublé de volume en une semaine ! Les bourdons, particulièrement friands de cette plante, ne s’en sont pas plaints. Ils émettent un bruit caractéristique en butinant cette fleur, comme s’ils restaient coincés dedans. En réalité, c’est parce qu’ils percent la corolle de la fleur pour accéder plus facilement au nectar. Ce qui permet ensuite à d’autres insectes d’en profiter à leur tour.

Autre exubérante, très appréciée pour son impressionnante floraison à la puissante odeur de jasmin, en particulier en début de soirée, le Faux jasmin (Trachelospermum jasminoides). Il a été particulièrement généreux cette année et donne un indéniable charme, un peu désuet, à un mur de maison. J’ai cependant remarqué qu’il attire très peu les pollinisateurs et que seuls les escargots semblent l’apprécier pour se cacher. Ceci doit nous rappeler que les plantes exotiques sont en général beaucoup moins utiles et riches pour la biodiversité. Il faut des années, parfois des décennies ou des siècles, pour que les espèces locales s’adaptent à une nouvelle plante. Pour un jardin riche en biodiversité, il faut donc conserver suffisamment de plantes locales et spontanées. Il n’est néanmoins pas nécessaire de s’interdire d’installer une plante exotique pour son plaisir : c’est le ratio entre les exotiques et les indigènes, ainsi que la diversité des milieux, qui comptent.

Un nouveau mur en pierres sèches

La construction d’un nouveau mur en pierre sèche devant un ancien mur de soutènement en parpaings a bien avancé. Huit tonnes de pierres ont été livrées pour réaliser les 12 mètres de muret (environ 1 mètre de hauteur) entre deux parties de différentes hauteur du jardin. Les constructions en pierres sèches sont devenues rares, du fait de l’abondance, depuis la seconde moitié du XXe siècle, des matériaux de construction bon marché et de la réalisation bien plus rapide et facile qu’ils permettent. Pour construire sans mortier, avec des pierres irrégulières, il faut tâtonner, bien répartir les différentes tailles pour assurer la stabilité de l’ensemble, et surtout essayer avec chaque pierre à sa disposition jusqu’à trouver celle qui s’emboîte bien avec celles déjà montées.

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Le jeu en vaut cependant la chandelle car les murets en pierres sèches sont extrêmement profitables pour la vie sauvage. Les interstices entre les pierres permettent à de très nombreux animaux (insectes, lézards, oiseaux…) et plantes (fougères, joubarbes, sedums…) de s’installer grâce à l’absence de mortier. Comme les pierres accumulent la chaleur et la restituent la nuit, le muret en pierre sèche constitue un habitat très accueillant pour toutes ces espèces. J’ai d’ailleurs été gêné à certains moments par des insectes qui tentaient de s’installer dans les parties que j’étais en train de construire ! Des araignées (il en faut !) ont immédiatement investi une partie des trous du mur, ainsi que des abeilles sauvages. Les plantes installées au printemps à l’intérieur du mur semblent avoir bien repris. Il s’agit de plantes méditerranéennes pour la partie exposée vers le sud-ouest, pour résister à la chaleur et à la sécheresse (ibéris, romarin rampant, ciste et lavande nains). Des plantes essentiellement locales (fougères, ombilic de vénus…) seront introduites dans la partie à mi-ombre lorsqu’elle sera achevée, en attendant que d’autres ne colonisent les espaces laissés libres selon leur bon vouloir.

En matière de bon vouloir, juin est le bon mois pour rabattre les géraniums trop conquérants (pas les pélargoniums de nos balcons, mais bien les géraniums). En les coupant juste au niveau de la motte maintenant, on évite qu’ils ne s’étalent trop et on bénéficiera d’une autre floraison en août/septembre, au moment où le jardin manque parfois un peu de fleurs. C’est également le moment de tailler les chèvrefeuilles (sauf le japonica qui sera taillé en fin d’hiver) qui ont fini de fleurir.