Solidarité

Un ballon nommé espoir

Un Argentin résidant à Duclair encadre des camps de vacances dans son pays d’origine avec le football pour fil conducteur. Et des échanges très riches à la clef.

« On ne sait pas ce qu’il y a là-bas. » Ce 9 juillet, face aux vingt-quatre jeunes confiés par l’Association vacances enfants et adolescents (l’AVEA) des agents de La Poste, Javier Buteler donne le ton pour la première rencontre sociale du voyage. Un bus scolaire bleu les emmène avec leurs accompagnateurs normands dans un quartier d’indigènes [note : le terme n’est pas péjoratif en Amérique latine] Toba. Près de la ville de Tigre, au nord de Buenos Aires, la capitale de l’Argentine, ce quartier accueille une communauté chassée de ses terres par des exploitants forestiers. Le chef de la communauté, Clemente López, explique : « Nous avons dû abandonner nos terres, mais nous n’abandonnerons jamais la lutte des peuples indigènes. »

Cinq jours plus tard, une deuxième action de solidarité a lieu dans une école rurale de Mallín, ville située à plus d’une heure de transport de Córdoba, au centre du pays. Entraîneur au Football-club du Trait-Duclair, Javier Buteler est aussi salarié de Passion Foot. Le but de cette association est d’organiser des stages sportifs à Yerville et Mesnière-en-Bray, et, depuis la création du secteur sans frontière, des actions à l’étranger. Ces projets permettent à l’Argentin de travailler avec deux de ses frères, Marcos et Diego Buteler, et de maintenir un lien avec son pays, qu’il a quitté en 2001.

L’héritage - Tigre, province de Buenos Aires, Argentine, Amérique du Sud.

À chaque rencontre, des matchs de football sont organisés pour permettre un échange entre les jeunes des deux continents. Des contacts se nouent entre des personnes que tout sépare. Culture, langue, océan, mais aussi condition sociale. Les animateurs sont enthousiastes : « Les plus âgés ont hâte de jouer avec nous ». À Tigre, le terrain de sable et de poussière coupe la rue en deux. À Mallín, un cheval venu brouter le peu d’herbe du terrain interrompra momentanément la partie…

Oui, elles sont importantes, ces rencontres. « Les jeunes vont avoir un autre horizon, ils peuvent avoir des amis hors de la communauté », se réjouit Clemente López, avant d’évoquer, amer, « les portes qui m’ont été fermées du fait d’être indigène ! » Au retour, un groupe de rock joue sur une place pour la fête de l’Indépendance. Le bus s’arrête pour une pause musique improvisée. Derrière la scène, un panneau proclame : « 200 ans de différences ont jeté les bases de ce beau pays ». Autant de prétextes pour l’exclusion que la famille Buteler s’est donnée comme mission de combattre en se servant des outils du sport et des échanges culturels.

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Paris-Normandie Liberté Dimanche

N°17890,